Sénégal

Au cours de notre voyage de prospection, nous avons découvert un pays fondé sur les valeurs de la teranga (hospitalité et solidarité), du jom (fierté), du fit (courage et confiance en soi) et du ngor (dignité). C’est avec une grande curiosité que nous avons exploré l’architecture contemporaine, à la recherche de l’identité sénégalaise. Il est rapidement apparu que cette quête était au cœur même de la société sénégalaise. À ce jour, le Sénégal ne dispose d’aucune formation universitaire en architecture. Les jeunes Sénégalais qui souhaitent étudier l’architecture doivent donc partir à l’étranger. Les grandes entreprises de construction ne se soucient guère des caractéristiques du Sénégal et construisent comme si elles étaient en Europe. Les villages sont gris de béton et la nouvelle ville de Diamniadio s’élève de manière très étrange dans le paysage sénégalais.

Malgré cela, nous pouvons affirmer que cette identité existe bel et bien, et qu’elle est même évidente. Le paysage architectural sénégalais est en pleine effervescence ! Et comment ! Un vent nouveau souffle sur les jeunes architectes, qui sont en contact les uns avec les autres et qui, chacun à leur manière, manifestent leur attachement, leur amour et leur engagement pour leur pays. C’est le cas de Carole Diop, qui apparaît un peu partout. En consultant son CV, on comprend pourquoi. Elle est architecte, conservatrice, cofondatrice du magazine d’art contemporain Afrikadaa, professeure à la CUAD et à l’IPP, membre de l’Ordre des architectes et coauteure du volumineux ouvrage Dakar, Métamorphoses d’une Capitale. Elle organise également des promenades architecturales à Dakar. Aux côtés de Carole, on retrouve souvent Doudou Dème, ingénieur, entrepreneur et surtout cofondateur d’ELEMENTERRE, une entreprise de construction spécialisée dans les produits en terre et en typha, en adobe et en blocs de terre compressée (BTC). En commercialisant des matériaux de construction locaux et écologiques, ELEMENTERRE souhaite développer et démocratiser l’architecture durable. Doudou Dème collabore souvent avec les architectes Nzinga B. Mboup et Nicolas Rondet, fondateurs du bureau d’architecture Worofila. Ils poursuivent les mêmes objectifs qu’ELEMENTERRE, leur langage architectural et leur expression contemporaine sont ancrés dans une profonde compréhension du climat, des matériaux et de la tradition. En janvier 2026, nous partirons en balade avec Carole Diop, participerons à un atelier chez ELEMENTERRE et visiterons des projets avec Worofila. Et ce ne sont là que quelques-unes des figures clés de l’architecture sénégalaise contemporaine.

Le Sénégal a obtenu son indépendance le 20 août 1960 après une période de domination coloniale portugaise puis française. Cela s’est traduit dans l’architecture, qui est en grande partie l’œuvre d’architectes européens. Aujourd’hui, un débat animé est en cours sur la préservation de ces bâtiments, qui sont souvent en très mauvais état. L’indépendance n’a pas signifié le retrait de l’Occident de la construction sénégalaise. Notre programme d’architecture contemporaine comprend également principalement des noms européens. Nous avons sélectionné avec soin des projets et des bureaux — Gilles Perraudin, Adriano Redondo, Antoin Galand (AAG), Toshiko Mori, DAW office … — qui, grâce à leur connaissance et leur respect du pays et de la tradition, contribuent à une architecture sénégalaise contemporaine digne de ce nom.

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